« L’essor » de l’e-sport
A l’occasion de la Gamescom, salon international de jeu vidéo qui se déroulera du 21.08 au 24.08.2019 à Cologne, en Allemagne, nous avons souhaité faire un état des lieux du e-sport aujourd’hui. Konsta est un gamer, mais aussi chargé de communication à l’agence. Il revient pour vous sur ce qui deviendra surement le sport le plus suivi au monde.
« Si vous n’avez pas entendu parler de « Fortnite » ou d’un jeune de 16 ans ayant remporté 3 millions de dollars, c’est que vous étiez probablement en vacances depuis 2 ans (La chance !) »
Le 28 juillet dernier s’est déroulée la finale de la coupe du monde de Fortnite à New York, dans l’immense stade Arthur-Ashe, qui sert d’habitude de court de tennis pour l’US Open. Plus de 23 000 personnes étaient présentes dans le stade (et plus de 1,3 millions en ligne) pour découvrir les joueurs qui se partageraient les 30 millions de dollars de récompense.
C’est Kyle « Bugha » Giersdorf, jeune joueur de 16 ans qui a remporté le pactole. Accrochez-vous bien, 3 millions de dollars ! Plus que Roger lors de son dernier Grand Chelem !!
C’est donc ça l’American Dream ?
Revenons un peu en arrière pour comprendre comment l’e-sport est devenu le sport le plus en vue de ces dernières années.
La première compétition de jeu vidéo nommée « Intergalactic SpaceWarOlympics » se déroula en 1972 à l’université de Stanford. Ce tournoi s’est joué sur « Space War », premier jeu arcade de l’histoire. Ce n’était qu’un tournoi local où l’unique récompense fût un article dans le magazine « The Rolling Stones », sponsor du tournoi.
Mais qu’est-ce qui a déclenché si rapidement cette « gaming mania » ?
C’est en grande partie dû au fait que dans les années 80, les jeux d’arcade ont explosé, investissant les salles de jeux mais aussi les lieux publics. Leurs complexités ont attiré des milliers de joueurs prêts à devenir les meilleurs « scoreurs ».
De cette tendance en découla la culture du « HighScore » (Les records/scores les plus hauts à battre).
Plus le temps passait, plus les records étaient élevés et même sans internet et réseaux sociaux pour partager son « high score », cela n’empêcha pas les éditeurs et la presse de sentir le potentiel derrière ce marché grandissant. Ils commencèrent à mettre en place des leaderboards, qui finiront par mettre des légendes du jeu vidéo en avant.
La réelle première compétition e-sport avec un prix à la clé serait, « The Red Annihilation » sur le jeu « Quake » qui se déroula en 1997. L’avènement d’internet ayant attiré des milliers de nouveaux joueurs. Le gagnant remporta la Ferrari 328 GTS du développeur de Quake : John Carmack.
La même année, la CPL (Cyberathlete Professionnal League), première ligue de jeu vidéo, organisa le premier évènement e-sport appelé La FRAG. Le lot s’éleva à 4000 dollars, bien loin des 30 millions d’aujourd’hui…
Ce qui allait radicalement changer l’e-sport à jamais est l’arrivée de LOL (League of Legends) en 2009. Par le fait que ce jeu soit gratuit (grande innovation pour l’époque), il deviendra, en 2013, le jeu le plus joué au monde. Au fur et à mesure, les compétitions sur ce jeu deviendront des évènements majeurs, avec pas moins de 36 millions de spectateurs de tous âges.
L’expansion de l’e-sport était lancée. Une nouvelle mine d’or du marketing commença à se dessiner.
Et chez nous, en Suisse :
L’e-sport en Suisse, bien que timide, commence à se développer.
Bien que la Suisse ait du retard sur ses voisins comme la France ou l’Allemagne, elle commence à se rendre compte de l’importance qu’a pris l’e-sport dans le monde entier, notamment porté par le secteur privé.
En effet, en 2018, Swisscom lança sa propre ligue e-sport « la Swisscom Hero League » (et son propre tournoi) avec l’appui de la ESL (Electronic Sports League) qui est probablement la ligue la plus importante de l’e-sport dans le monde.
Cette première saison fut une réussite avec 3000 gamers ayant joué dans la ligue. La Swisscom ligue a d’ailleurs annoncé une deuxième saison avec un nouveau jeu disponible pour les gamers professionnels : CS : GO, un des jeux les plus populaires et emblématiques de l’e-sport. Ce jeu rejoindra LOL (League of Legends), Clash Royale et Hearthstone.
Pour conforter sa position de pionnier, Swisscom sera partenaire du HeroFest, plus grand évènement e-sport de la zone germanophone en Suisse se déroulant au BERNEXPO du 22 au 24 Novembre. Ils y proposeront notamment la finale de la saison hivernale de la Swisscom Hero League.
Depuis janvier 2019, PostFinance possède une équipe e-sport professionnelle League of Legends. Leur objectif : amener leur équipe dans les premières places de la scène européenne.
Et Postfinance commence à y mettre les moyens : les joueurs sont payés 2 500 CHF / mois, ils ont accès à une maison gaming entièrement équipée et un coach de renommée internationale.
Les clubs de foot suisses ont également compris l’importance d’être présents dans l’e-sport : Genève Servette, Lausanne, St-Gall, Bâle, et le FC Sion ont chacun créé leur propre équipe e-sportive.
« Alors où est le problème ? »
Les sponsors inexistants sont le problème car, si des sommes astronomiques sont déployées dans le monde pour l’e-sport, ce n’est pas le cas pour la Suisse.
En effet, prenons la Geneva Gaming Show, qui malgré une nette augmentation de fréquentation entre ses deux éditions, n’a pas réussi à financer la troisième et a déclaré faillite en 2017. Autre exemple : En 2016 Raiffeisen promettait de créer une association pour soutenir l’e-sport en Suisse : « un engagement fort » affirmait la banque. Quelques mois plus tard, la banque abandonna le projet, décision prise en accord avec la direction de Raiffeisen Suisse.
Heureusement pour l’e-sport Suisse, depuis la création de la Swisscom Hero League, les sponsors sont de plus en plus nombreux et commencent à prendre plus au sérieux ce sujet.
De plus, ce ne sont pas les talents qui manquent : Kinstaar et Vato. Ces noms ne vous disent peut-être rien, mais sur la scène de l’e-sport, plus précisément sur Fortnite, ce sont des stars. Ils font partie du top 100 des meilleurs joueurs Fortnite au monde sur un total de 250 millions de joueurs et ont réalisés d’excellents résultats lors de la coupe du monde de Fortnite. Ils ont empoché à eux deux la somme de 162’500 dollars !
Ces 2 talents font partie d’équipes françaises. C’est pourquoi il est primordial pour les joueurs de talent suisses que les mentalités changent vis-à-vis de l’e-sport s’ils espèrent pouvoir se faire connaître sur la scène internationale.
Le foot sur le banc de touche, l’e-sport au top ?
En 2019, l’e-sport a été officialisé en tant que discipline olympique à part entière et aura le même poids que n’importe quelle autre compétition sportive. La première compétition dans laquelle l’e-sport sera présent sont les SEA (Jeux d’Asie du Sud-Est) supervisés par le Comité International Olympique et le Conseil Olympique d’Asie. En ce qui concerne les Jeux Olympiques, l’édition 2024 qui se déroulera à Paris a rejeté l’introduction de l’e-sport. Il faudra donc probablement attendre les J.O de 2028 à Los Angeles avant de pouvoir y voir de l’e-sport. Cela reste une évolution faramineuse étant donné que cela aurait été inimaginable il y a 5 ans.
En attendant de savoir qui sera le prochain champion olympique de Fortnite, je vous donne rendez-vous au bar e-sport « Meltdown » juste en dessous de nos bureaux à Genève pour pouvoir discuter de l’avenir de cette discipline.
Article écrit par l’agence Wide
Game over.